Amnusique

Des sons qui restent en tête

mardi

30

septembre 2014

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Nous étions au Cabaret Vert 2014 (Part. 2/4)

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Nous étions au cabaret vert part 2

Voilà c’est fini. C’est avec un pincement au coeur et un début de blues que l’on observe les portes du Cabaret Vert se refermer derrière nous. Après 4 jours de concerts, de bières et de cacasses à cul nul, il est temps pour Amnusique de tirer un bilan de ce 10ème anniversaire exceptionnel que nous avaient concocté Julien Sauvage et ses acolytes. Retour sur une édition de tous les records, chargée d’émotions et de joie qui restera gravée à jamais dans les mémoires et dans les cœurs des 94 000 festivaliers présents du jeudi au dimanche.

Deuxième jour : Kavinsky, le festival de la marionnette !

Il est un peu plus de midi et le réveil est déjà difficile en ce deuxième jour de Cabaret Vert. Le plus regrettable dans tout cela c’est que je ne peux même pas mettre mon mal-être sur le compte de la sur-consommation de bière. Cette nuit, la fièvre s’est invitée clandestinement dans mon sommeil. C’est ensuite la migraine qui a pris le relai lors du petit-déjeuner. C’est impossible. Je ne peux pas être malade. Pas maintenant, pas pendant le Cabaret Vert. C’est décidé, je vais troquer le bol de chocolat chaud contre une Saint Feuillien bien tassée qui me remettra, je l’espère, d’aplomb pour le reste de la journée. Soignons le mal par le mal.

« Ce principe de retransmission en direct d’un concert, sans avoir à bouger de son lit, c’est quand même le pied. »

En attendant de retourner sur le Square Bayard, nous décidons de regarder le live du premier groupe à se produire aujourd’hui. La prestation est diffusée sur le site Arte Concert, tout comme celles d’ALB et de Joey Bada$$ la veille. C’est le groupe de Métal « The Mothman Prophecies » qui ouvre le bal en ce vendredi 22 août.Le Métal n’est pas forcément notre univers musical favori mais nous adorons le style des Metallica, System Of A Down et autres Nightwish. Peut-être aimerons-nous aussi celui des Sedanais de TMP, qui sait ? Nous ne sommes pas à l’abri d’une agréable surprise. En plus, ce principe de retransmission en direct d’un concert, sans avoir à bouger de son lit, c’est quand même le pied. Pas le temps de chômer, le concert doit durer une quarantaine de minutes, il est temps de mettre en route le streaming et de brancher les baffles. Soit nous sommes durs de la feuille (c’est écolo), soit la qualité sonore est vraiment médiocre sur Arte Concert.

« The Mothman Prophecies – Malheureusement notre ouverture d’esprit musicale a atteint ses limites cette fois-ci. »

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Crédits photo : © S. Midoux – Darkroom.

Scène des illuminations – 15h50 – The Mothman Prophecies : C’est parti, le live de The Mothman Prophecies (certainement une référence au fim de Mark Pellington) est lancé. Les membres du groupe ne sont pas encore présents sur scène, mais la pression monte déjà d’un cran grâce à la diffusion d’une musique d’introduction comparable à celle du générique de l’île de la tentation. Au bout de quelques minutes, les cinq compères font leur apparition sur le parquet des Illuminations. L’intro touche à sa fin, elle laisse maintenant place aux ronronnements de la batterie et des guitares électriques. Nous montons le volume !

Aïe… Nous baissons le volume. Malheureusement notre ouverture d’esprit musicale a atteint ses limites cette fois-ci. Il y a certainement des gens qui apprécieront ce style de musique mais pour nous, et cela n’engage évidemment que nous, il est à mille lieux de ce que peuvent absorber nos esgourdes. Le chanteur à la barbe fleuri semble bramer du plus profond de ses cordes vocales, à en faire pâlir de jalousie plus d’un troupeau de cerfs. Les forêts Ardennaises sont giboyeuses mais fort heureusement la saison des amours n’est qu’en automne. Le live se poursuit et nous avons mal pour lui, pour sa gorge et pour le public présent en petit nombre devant la scène. On en vient à se demander si les gens qui pogotent dans la fosse le font parce qu’ils aiment ça ou bien par unique peur de se faire vomir dessus par le chanteur. Après une demie-heure de « hurlements », l’homme décide de se jeter dans la foule pour ce qui est sans doute le slam le plus court de l’histoire du festival. Plus rapide qu’un 100m d’Usain Bolt. Cette tentative avortée, certainement par manque de monde pour soulever le chanteur, marquera la fin d’une prestation qui aura eu le mérite de me faire préférer la migraine à ce genre de métal. Un petit exploit. (pour revoir le live, cliquez ici)

« Julien Sauvage – Le groupe Britannique « Marmozets » était l’un de ses coups de cœur de la programmation 2014. »

Nous avions pu entendre dans une interview vidéo de Julien Sauvage que le groupe Britannique « Marmozets » était l’un de ses coups de cœur de la programmation 2014. Curieux de découvrir ce que valait ce jeune groupe de Rock, nous écoutons quelques uns de leurs morceaux sur internet pour se faire une petite idée. Au bout de quelques titres, le bilan est mitigé. Le Rock distillé par les cinq « Ouistitiz » a, certes, des qualités, les mélodies sont prenantes et on sent une grosse énergie se dégager du groupe mais le gros bémol vient du côté Hardcore et des hurlements de la chanteuse, Betta, qui font vraiment mal aux oreilles sur certaines chansons. A première vue ce n’est pas un groupe que l’on intégrera dans notre playlist. Difficile malgré tout de se forger un avis définitif sur le quintette avant de le voir en live. L’arène des Illuminations nous dira si l’on doit lever le pouce ou le baisser.

« Marmozets – Notre premier véritable frisson du festival. Une émotion bien différente de celle ressentie lors du set de Flume. »

Marmozet live cabaret vertCrédits photo : © D. Coatleven – Darkroom.

Scène des illuminations – 17:20 – Marmozets : C’est avec une dizaine de minutes de retard que nous partons en direction du quartier Monge, sans savoir un seul instant que nous allions vivre aujourd’hui : notre première grosse claque de cette édition 2014 du Cabaret Vert. Le groupe a déjà commencé le concert, nous entendons ses prémices, au loin, grâce à la résonance produite par les fortifications qui entourent le site du festival. Nous nous regardons, l’avis est unanime, ça a l’air bigrement bien cette affaire ! Nous augmentons donc notre cadence de marche pour ne pas louper une miette de plus de la prestation de Marmozets. Bière à la main, nous y voilà.

Notre première impression était la bonne. L’énergie dégagée par les Anglais est tout simplement hallucinante. Les membres s’approprient la scène et l’espace avec l’assurance des plus grands. Cette après-midi la scène des Illuminations porte son nom à merveille. On est pas sérieux qu’on a 17 ans disait Rimbaud ? Les cinq Marmozets ont entre 17 à 21 ans et sont plus sérieux que jamais quand ils décident de se donner corps et âmes pour leur public. Ils se déchainent, sautent, bougent. Les morceaux que nous avions du mal à écouter sur le net trouvent un nouveau souffle quand ils les produisent devant nos yeux. Les Macintyre et les Bottomley ne forment plus qu’une seule et même famille quand ils sont réunis ensemble sur scène. La fusion est réussie et le public venu en nombre ne s’y trompe pas. La voix de Becca Macintyre est déroutante de maîtrise, elle passe d’un style à l’autre avec une facilité déconcertante. Le patron du Cabaret Vert disait vrai. Ces petits jeunes sont effectivement très impressionnants.

Le coup d’estocade sera porté un peu avant la fin du live. C’est le moment choisi par Marmozets pour jouer le morceau Born Young And Free et nous faire vivre notre premier véritable frisson du festival. Une émotion bien différente de celle ressentie lors du set de Flume. Le frisson de la découverte, de l’inconnu qui s’offre à nous et qui traverse notre corps de part en part. Du début à la fin du morceau, je reste bouche bée d’étonnement et d’admiration. La chair de poule tatoue mes bras et le refrain s’imprègne dans mon esprit. Il ne me quittera plus jusqu’aux cinq jours suivants. Je reprendrai les mots d’une certaine Valérie, pour dire à Marmozets que je les remercie pour ce moment.

« Village Associatif – Ici le jeu est un bon moyen d’amorcer le dialogue. »

village assoCrédits photo : © A. Massin – Darkroom.

Après ce petit moment d’émotion musicale, nous décidons d’aller faire un tour du côté du village associatif installé, en face de la grande scène, dans le gymnase du Square Bayard. Le Cabaret Vert ce n’est pas seulement de la musique, c’est aussi un lieu de dialogue, d’échange et d’information sur les sujets de société qui nous touchent au quotidien. Il est évident que les stands de crêpes et de bières sont un peu plus glamours que ce fameux village asso mais nous sommes curieux de jeter un oeil à ce mystérieux espace. Qu’allons-nous y rencontrer ? Des trolls des cavernes ? Des sangliers mutants ? Une manifestation de cerfs en colère contre le chanteur de The Mothman Prophecies ? (Non, c’est méchant, on a rien contre lui en plus…) Tout est possible… Il est temps pour nous de franchir les portes du gymnase Bayard.

Pour ceux qui s’imaginaient le pire pour nous, soyez rassurés, aucune trace de sangliers mutants dans les parages et la manifestation des cervidés vient de se terminer. Nous entrons, bière à la main (faut pas déconner quand même), dans ce gigantesque espace dédié aux associations locales, nationales et internationales. Les bénévoles ont le sourire, ils sont avenants, on se sent comme à la maison ici. Nous faisons tranquillement le tour des stands jusqu’à ce que nos âmes d’enfants soient interpelées par une mini-table de ping-pong installée en fond de salle. Ici le jeu est un bon moyen d’amorcer le dialogue. Mini-basket, fléchettes, jeux de palets : tout est prétexte à attirer le public pour l’amener à discuter. La sensibilisation aux sujets importants passe par des moments de convivialité et de partage. Ce petit morceau de bois transformé en table pour pongistes du dimanche nous servira de QG tout au long du festival. Un peu de sport pour éliminer le kébab de sanglier ça ne fera pas de mal.

« Casseurs Flowters – Le concert a à peine débuté que l’on commence déjà à distribuer les bons points. »

Crédits photo : © L. Noblet – Darkroom.

Scène Zanzibar – 20:00 – Casseurs Flowters : Les heures passent à une vitesse folle au Cabaret Vert. Ces coquins d’organisateurs semblent avoir troqué les minutes contre des secondes pour cette dixième édition. A peine le temps d’assister aux derniers instants du concert des Cool Kids (qui portent bien leurs noms d’ailleurs) que c’est déjà le moment de changer de scène pour rejoindre un autre groupe de rap, Français celui-ci, les Casseurs Flowters. Orelsan et Gringe sont pour nous l’une des grandes inconnues de la programmation 2014. Davantage fans des brigands de « Maman j’ai raté l’avion » que des morceaux du duo de rappeurs Caennais, nous décidons tout de même de les découvrir de nos propres yeux et oreilles sur Zanzibar, pour nous faire une vraie idée objective. Et pour cause, j’avais eu cette même appréhension deux ans auparavant pour le live d’Orelsan. Le Caennais avait finalement su renverser la tendance et me bluffer avec une prestation sur-vitaminée, appuyée par une équipe de musiciens rock’n roll qui ajoutaient un vrai plus aux titres du rappeur joués sur scène. La tache s’annonce pourtant plus rude pour les Casseurs Flowters qui, contrairement au « Chant des sirènes » de leur leader Aurélien Cotentin, n’ont pas su nous séduire avec leur premier album.

Notre première interrogation concernant leur présence sur la grande scène est très vite balayée d’un revers de main par le public, certes jeune, mais venu en nombre pour observer le show des deux rappeurs. Cette fois-ci Orelsan ne s’est pas entouré de musiciens pour assurer le spectacle mais (et excusez du peu) de DJ Pone, membre des Birdy Nam Nam, de la Scred Connexion et des Svinkels. Le concert a à peine débuté que l’on commence déjà à distribuer les bons points aux CF. Plutôt insipides à écouter en MP3, les mélodies et paroles des Casseurs Flowters prennent une tout autre dimension sur la large scène de Zanzibar. Les discussions humoristiques échangées par Gringe et Orelsan entre chaque morceau fonctionnent plutôt bien et l’interaction avec le public est amusante même si on se doute qu’elle ne change pas réellement d’une date à l’autre. Le duo nous livre une performance bien rodée et empreinte d’une énergie folle. En bonus des titres issus de leur album « Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowters », les deux Caennais nous glissent les morceaux « St Valentin » et « Ils sont cools » qui font toujours mouche auprès des fans d’Orelsan. Comme un clin d’oeil au nom du duo, la pluie décide de faire son apparition pour la première fois sur le Square Bayard. Hasard de la tracklist ou petite provocation, les CF commencent à entonner leur succès « Regarde comme il fait beau dehors », qui fait sourire et danser les spectateurs présents sous cette légère averse. Cette agréable prestation s’achève – ou presque – par un solo de DJ Pone, qui sèche les imperméables des festivaliers, à coups de scratches toujours aussi ravageurs. Deuxième surprise de la journée après celle créée par les Marmozets. Vivement la suite !

« Pour manger un burger Ardennais ce week-end, il faudra être patient, très patient. »

Crédits photo : © L. Vayssié – Darkroom.

Les Casseurs Flowters nous ont ouvert l’appétit. Le Cabaret Vert se résume finalement à peu de choses : écouter de la musique, boire de la bière et manger jusqu’à ce que mort s’en suive. Nous décidons donc d’aller tester deux des nombreuses nouveautés réservées aux festivaliers cette année. L’une est matérielle, l’autre est, évidemment, alimentaire. Pour sa dixième édition, le Cabaret Vert a décidé de mettre en vente de petites bourses qui nous serviront à contenir nos nombreux Bayards (pas de double sens). Ces petits réceptacles en cuir ont été confectionnés par des personnes handicapées, grâce à l’association locale Solicoeur, qui utilisera une partie des bénéfices reversés pour aider les gens dans le besoin. En plus d’être un objet utile et sympa, cette bourse est vendue pour la bonne cause. Nous décidons donc de nous en procurer une, de faire le plein de Bayards et d’aller engloutir un bon burger Ardennais, autre grande nouveauté de cette édition 2014.

Si les organisateurs ont su éradiquer les problèmes liés à l’attente pour rentrer sur le festival et aux bousculades, il y a des files d’attente pour lesquelles ils ne peuvent malheureusement pas faire grand chose. C’est le cas par exemple de la queue-leu-leu interminable qui se dessine devant nous pour espérer un jour atteindre le parvis du stand de burgers. Nous étions prévenus, pour manger un burger Ardennais ce week-end, il faudra être patient, très patient. La patience n’étant pas la qualité qui nous caractérise le plus ce soir, nous choisissons de ce fait de bifurquer vers le stand crêpes, l’une des valeurs sûres du Cab’. Détestant le fromage, comme chaque année, j’entre dans les négociations pour obtenir une crêpe aux trompettes de la mort sans moisissure laitière. A mon plus grand regret, le bénévole qui prend ma commande m’assure qu’on ne peut pas m’en faire une sur-mesure. Je tente de le soudoyer, le menace, lui montre mes biceps mais rien n’y fait. Véritable machine à produire des crêpes, le stand les réalise maintenant à l’avance et les stocke dans des fours pour les garder à bonne température. Elles n’y restent pas bien longtemps au vu de l’affluence devant le comptoir.

Un brun contrarié, j’embarque ma crêpe aux oignons par le col et engloutis Chreim. Ou l’inverse. Direction l’espace média pour se siffler un bon mojito. Si les festivaliers lambdas n’ont pas accès aux alcools forts, les artistes, médias et autres grands de ce monde ont quant à eux le droit de se siroter un verre de Jack’s ou de Champagne à l’abri des regards indiscrets. Je m’insère dans la file d’attente du bar et assiste à des débats agités concernant la gestion du mouvement de foule de la veille. Une jeune femme au visage familier se place ensuite derrière moi. Au bout de quelques secondes, celle-ci tente de me convaincre, non sans humour, que j’essaye d’accéder au zinc par la file d’attente réservée aux femmes. Plus prompt à avaler mon futur mojito que le bobard proféré par la sympathique blonde, je décide tout de même, par galanterie, de la laisse passer. Elle m’annonce alors qu’elle doit réaliser une interview de King Khan & The Shrines dans les prochaines minutes et que mon geste est une véritable aubaine (j’en rajoute à peine), qui lui permettra sans doute d’arriver à l’heure. Eurêka, j’avais effectivement aperçu cette présentatrice le matin même dans une interview accordée par le groupe Red Fang. Elle déclarera le lendemain sur son compte Twitter que cette rencontre avec King Khan & The Shrines était sans doute la plus belle et la plus drôle interview qu’elle avait eu l’occasion de réaliser (voir cette interview). Un petit geste pour l’homme mais un grand geste pour son interview. Amnusique est un site de gentlemans.

« Prodigy – Les 8 degrés de la Chouffe nous ont presque fait oublier la présence des Britanniques sur la scène Zanzibar »

Crédits photo : © L. Vayssié – Darkroom.

Scène Zanzibar – 00:00 – The Prodigy : Le mojito est siroté, bien qu’un peu fade, il est donc temps pour nous de repasser sur la zone du stade pour l’avant-dernier concert de la soirée. S’il y a bien un stand qui ne nous trahira jamais, c’est celui du nain de jardin au bonnet rouge. En effet, l’antre de la bière Chouffe est situé juste en face de la grande scène, le lieu idéal pour observer un live de loin sans prendre le risque de se déshydrater. Et cela tombe plutôt bien puisque les Anglais de The Prodigy ne vont pas tarder à faire leur entrée sur les planches de Zanzibar. The Prodigy au Cabaret Vert, qui aurait pu l’imaginer il y a 10 ans de cela ? Parfois assimilés à des nazis, des misogynes ou a des apologistes de la drogue, les Britanniques n’en restent pas moins des pionniers en matière de musique électronique.

Loins de toutes ces polémiques, les bénévoles coiffés du bonnet rouge nous servent notre première Chouffe du festival pour nous aider à patienter en attendant la tête d’affiche de ce soir. Nous croisons des amis devant le stand, c’est l’occasion de discuter du bon vieux temps. Les tournées et les éclats de rire s’enchaînent mais nous avons l’étrange impression d’avoir oublié quelque chose. Chreim a bien fait ses devoirs, nous avons éteint le gaz avant de partir, la bourse à Bayards est bien dans ma poche… Qu’avons-nous donc oublié ?! Morbleu… Le Prodige !!  Les 8 degrés de la Chouffe nous ont presque fait oublier la présence des Britanniques sur la scène Zanzibar. Heureusement « Smack My Bitch Up » et ses basses bien grasses viennent de nous rappeler la raison pour laquelle nous nous étions postés à cet endroit stratégique. Le Cabaret Vert est comble pour la deuxième soirée consécutive, 23 000 personnes se sont amassés sur le Square pour voir le mythique trio de big beat se produire. On sent pourtant bien que l’électro qui faisait le succès du groupe il y a 15 ans a quand même pris quelques rides. L’énergie des protagonistes est toujours intacte et le public adhère toujours autant. Les morceaux sont un poil trop violents pour nous et la mauvaise qualité sonore n’aide pas à apprécier les airs qui ont bercé notre jeunesse. Des basses pas assez basses en somme. Plus convaincus par la bière que par le concert, nous finirons cette journée par Kavinsky et par un petit tour au camping.

« Charleville-Mézières accueille, tous les deux ans, le festival mondial de la marionnette mais est-ce une raison pour Kavinsky de prendre son public pour des guignols ? »

live kavinsky cabaret vertCrédits photo : © Kmeron – Darkroom.

Scène des Illuminations – 01:30 – Kavinsky : Les organisateurs ont confié la rude mission de refermer cette deuxième journée de festival au papy de l’électro Française, j’ai nommé, Kavinsky. Pour Amnusique, c’est une réelle deuxième chance qui s’offre ce soir à Vincent Belorgey, qui nous avait fortement déçu lors d’un set réalisé au Ramier à Toulouse en avril 2012. A l’époque, le Parisien qui partageait l’affiche avec A-TrakDj Pone, Dirtyphonic et Gesaffelstein, nous avait livré un set d’une extrême pauvreté, dans une salle plus adaptée à accueillir les DJ résidents de Fun Radio que les grands noms de la scène électro Française. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. En effet, depuis 2012, Kavinsky enchaine les succès et les tubes. Son album OutRun, sacré aux victoires de la musique, est un véritable carton auprès du public. Pour preuve, ses morceaux sont régulièrement utilisés pour les films (Drive), les publicités (Mercedes) ou lors d’évènements internationaux (Matchs de l’équipe de France de football). De cet album a découlé une tournée intitulée OutRun Live qui s’annonce plutôt prometteuse, si toutefois l’artiste âgé de 38 ans a su corriger le tir depuis notre dernière rencontre. Alors, Kavinsky, Ferrari ou voiture sans permis ?

C’est vêtu de son habituelle veste rouge brodée du K et agrippé à son paquet de clopes que Kavinsky débute le dernier show de cette journée de vendredi. Le public Carolomacérien est venu une nouvelle fois en nombre pour découvrir, ou re-découvrir, le live du Parisien, déjà présent en terres Ardennaises lors du « Dancetination » en février dernier. Nous décidons de nous approcher au plus près de la scène des Illuminations pour observer dans les meilleures conditions, cet OutRun Live censé nous rabibocher avec le vieux briscard. Il ne nous faudra maheureusement pas plus de cinq minutes pour comprendre que nous allons profondément nous emmerder durant cette heure de « live », qui n’en est pas vraiment un. Espoirs déchus. Ce soir, la mollesse de Kavinsky n’a d’égal que la pauvreté de son décor mis en place pour dissimuler ses platines. Celles-ci sont disposées, bien à l’abris, derrière trois planches de bois peintes en rouge et associées entre elles pour n’en former qu’une. Nous en profitons d’ailleurs pour remercier la petite section de maternelle de Drancy pour ce beau boulot. Ni les jeux de lumières, ni les quelques animations projetées sur les écrans derrière lui ne pourront inverser la tendance à nos yeux. En parlant d’yeux, les lunettes lumineuses qu’il allumera de temps à autre dans la pénombre ne viendront que confirmer le ridicule de la mise en scène. Ces artifices sont un cache-misère.

Les cigarettes du Parisien se consument au rythme des tubes qu’il s’empresse de nous balancer au visage, comme s’il désirait s’en débarasser. Le fait d’entendre les puissants Odd Look, RoadgameFirst Blood ou Rampage n’essuiera pas cette nouvelle déception. Pour vous faire une idée, à côté de Kavinsky, l’hologramme de Tupac projeté à Coachella paraissait bien plus fringuant. Les organisateurs auraient pu remplacer le Parisien par un pantin que l’illusion aurait été parfaite. Alors certes, Charleville-Mézières accueille, tous les deux ans, le festival mondial de la marionnette mais est-ce une raison pour Kavinsky de prendre son public pour des guignols ? Lever le doigt au ciel d’un air satisfait trois fois dans son « live » ne suffit pas pour espérer transmettre une quelconque émotion au spectateur. C’est d’ailleurs le seul geste qui nous rassure et nous prouve que le Dj ne s’est pas endormi sur ses Pioneers. Julien Sauvage avait évoqué le souhait de faire un clin d’oeil au festival mondial de la Marionette pour les 10 ans du Cabaret Vert, il semblerait que Kavinsky lui ait donné un gros coup de pouce.

« Il y a plus de campeurs en 2014 que de festivaliers présents lors de la première édition. »

camping cabaret vert

Crédits photo : © Kmeron – Darkroom.

Nous terminons ce vendredi soir par un petit tour sur le camping. Cette année encore, l’hôtel à la belle étoile des festivaliers semble gigantesque. Il nous faudra marcher plusieurs minutes, le long de ces milliers de tentes entassées les unes sur les autres, pour espérer atteindre le bout de ce joyeux azil. Le chiffre est tombé, le camping du Cab’ est la troisième ville des Ardennes en terme de population. Impressionnant. Il y a plus de campeurs en 2014 que de festivaliers présents lors de la première édition. Comme à l’accoutumée, les traditionnels « apéro » et chants paillards fusent entre les zones mais l’ambiance générale semble un peu en deçà cette année. Plus la surface de campement est grande, moins il y a de chances pour que les joyeux lurons se rencontrent, c’est mathématique. Après avoir bu quelques bières dans la zone 14, nous décidons de rentrer nous reposer. La journée de demain s’annonce grandiose.

Cette deuxième journée de festival se termine et le bilan est en demi teinte. Des surprises, des déceptions mais une ambiance toujours au top. Les organisateurs ont su tirer les conséquences des débordements de la veille pour mettre ses festivaliers dans des conditions d’accueil optimales. Le troisième et avant-dernier jour est sûrement celui que nous attendions le plus. Shaka Ponk, Parov Stelar, Schoolboy Q, Fauve devraient nous ravir et nous combler, même si l’inquiétude commence à nous gagner quant à l’absence du drapeau Breton… Bonne nuit et à demain. ●

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