Amnusique

Des sons qui restent en tête

lundi

4

avril 2016

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Spectateur – Yateveo (Album)

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spectateur Yatévéo (Album)Le Yateveo, qui signifie « Je te vois » en espagnol, est un arbre mystique d’Amérique Centrale dont la légende lui prête la faculté de se nourrir d’insectes, d’animaux et même d’êtres humains. Yateveo c’est également le nom choisi par le beatmaker Angevin Pierre Morel, aka Spectateur, pour appeler son premier album, mélangeant trip-hop, abstract hip-hop, électro, et hip-Hop, sorti il y a quelques jours sur le label TFTC (The French Touch Connection). Si l’existence de l’arbre mangeur d’hommes n’a jamais pu être prouvée, le Yateveo de Spectateur est quant à lui bel et bien réel. Ses 11 branches aux ambiances éclectiques jouissent d’un véritable pouvoir, celui de prendre les auditeurs aux tripes, de les enraciner dès les premières secondes et de les relâcher lorsque chacune des facettes de ses brindilles est finie d’être explorée. Amnusique vous révèle ses coups de cœur et son « track by track » de ce très beau « bouleau » réalisé par Spectateur


♥♥ Introduction (Piste 1) :

Il y a deux types d’introductions pour un album. Celles des autres, plutôt calmes, qui nous amènent, peu à peu, dans l’univers de l’opus, sans trop le brusquer, mais qui lui donnent tout de même quelques indices sur là où il va se rendre. Et puis il y a celle de Spetacteur, puissante et exaltante qui le fait voguer au creux de sonorités asiatiques et abstract hip-hop à mi-chemin entre le style d’Al’Tarba et celui de Chinese Man (Miss Chang). Après avoir testé la racine, on ne peut que souhaiter découvrir la suite de l’arbre.


♥♥ Early Birds (Piste 2) :

Comme son nom l’indique, Early Birds est la piste qui fût dévoilée le plus tôt au public (le 3 mars dernier). Ce premier extrait nous amène dans une ambiance printanière, délicatement rafraichie par la rosée du matin. On y décèle des phases de beatmaking grandioses à la Degiheugi (Betty) (les deux ont d’ailleurs joué ensemble à Angers en 2013), des moments plus aériens à la Mounika et parfois des accents méditerranéens apportés majoritairement par le sample espagnol utilisé. Spectateur alterne également avec des passages plus dynamiques obtenus par le biais de percussions (pads, batterie) puissantes orientées trip-hop, à la Roger Molls (Lost Angels) ou Kognitif (Letter To My Last Love, My Freedom Has No Price).


♥♥ Cascade (Piste 3) :

On tombe sur une atmosphère plus mélancolique et plus plaintive avec Cascade. Bien aidé par les lamentations des violons et le côté dépaysants des voix projetées en fond, ce morceau se rapproche d’un Gunpowder de Samifati version downtempo, relevé encore une fois par la puissance de la batterie générée par les pads. On retrouve aussi ce côté très asiatique typique du travail de Fakear, dans un tout autre style évidemment, et l’ambiance plus Chill d’un Les Gordon ou d’un Møme.


♥♥ GMOS (Feat. Jeremiah Bonds) (Piste 4) :

C’est le premier morceau purement hip-hop de l’album. Réalisé en featuring avec Jeremiah Bonds, un rappeur originaire de San Diego avec qui Spectateur avait déjà collaboré à plusieurs reprises, le titre mêle merveilleusement les sonorités abstract-hop-hop orchestrées par l’Angevin et les paroles percutantes de l’Américain. On se rapproche ainsi des productions des Toulousains Al’Tarba et Mr Grandin qui ont pour habitude de collaborer avec la crème de la scène outre-Atlantique (Mattic, Qualm, Q-Unique…). En toute fin de piste, on observe un (bref) joli passage de guitare électrique, qui lui donne une dimension plus rock et plus mélancolique.


♥♥♥ Sorry (Piste 5) :

Aucune raison d’être désolé, Sorry est, pour nous, LA branche la plus solide de Yateveo. Forte de ses sonorités venues tout droit des Balkans, la piste alterne entre passages de violons intenses et larmoyants à la Cuninlynguists, murmures en Français qui viennent appuyer la mélancolie de la mélodie et des épisodes plus lents qui viennent tempérer l’ascension du morceau. Mieux qu’un long discours, on vous laisse vous délecter de ce titre fantastique.


♥♥♥ Circle (Piste 6) :

Au début du morceau Circle, on retombe ici dans une atmosphère à la Degiheugi, bercée par les notes de guitare qui lui donnent cette orientation à la fois dark et entraînante, avant de tomber dans une véritable noirceur comparable au « Cry«  ou au « Acetate«  de Roger Molls.


♥♥ Bipolar Every Days (Piste 7) :

Composé en deux parties, ce titre est celui qui nous parait le plus « cinématographique » de l’album. On l’imagine parfaitement coller à une bande originale de film, à l’instar d’un Discombobulate de Hans Zimmer (clairement moins hip-hop), utilisé comme générique de fin du long métrage « Sherlock Holms ». Bipolar Every Days est un des titres préférés de Spectateur sur l’album.


♥  Tradition (Feat. Nouvel R, Lowschool, L.Atipik) (Piste 8) :

Tradition est le second morceau hip-hop de Yateveo. Pour confectionner ce titre intégralement rappé en Français, Spectateur a fait appel à plusieurs MC d’Angers, faisant partie des collectifs Nouvel R et Lowschool. Le phrasé saccadé de ce morceau nous rappelle le style de Casey et celui des Havrais de Bouchées Doubles.


♥♥ Smiling Bullet (Piste 9) :

Lorsque l’on écoute Smiling Bullet on retrouve une nouvelle fois des sonorités abstract hip-hop sombres et ravageuses, proches de celles du Toulousain Al’Tarba. On ressent également un côté un peu plus électronique que sur le reste de l’album, avec des montées en puissance à la Stakov, un autre artiste de la ville Rose dont nous vous avions récemment parlé. Le morceau contient finalement assez peu d’éléments complexes, il nous permet presque de deviner tous les gestes réalisés par le beatmaker lors de la sa confection.


♥♥♥ Good Times (Piste 10) :

Good Times est l’avant-dernier titre de l’album et l’un de nos préférés. Très planant, le morceau nous transporte au volant d’une vieille Cadillac, écrasant le bitume d’une route faiblement éclairée par les lueurs des étoiles. Avant l’arrivée du crépuscule, on se vide l’esprit pour ne garder que les bons moments, les bons souvenirs. Good Times alterne entre ce petit air mélancolique à la Velour de Darius et des notes lointaines plus chaleureuses à la Pacific Shore (Falling Rain).


♥♥ Skylus (Piste 11) :

Yateveo se conclut avec la dernière brindille Skylus. Principalement réalisée avec des synthétiseurs, cette conclusion aérienne et électrique s’inscrit dans la lignée des sons qui se construisent comme des battements de cœur. Skylus est fait de montées et de descentes hypnotisantes à la 20Syl ou La Fine Equipe, sans le côté turntablism et scratch. Le morceau est un raviveur d’émotions.


Conclusion :

La graine semée par Spectateur a donné naissance à une bien belle plante. Avec Yateveo, l’Angevin explore tour à tour les styles musicaux, les émotions et les atmosphères. Son premier album est une autobiographie haletante qui transporte l’auditeur sur  les diverses facettes de sa personnalité. Yateveo a l’écorce des plus grands, le tronc solide et sa sève restera longtemps collée à nos tympans. On a adoré.

L’album est disponible ici.

Pays : France.
Style musical : Trip-Hop, Abstract Hip-Hop, Electro, Hip-Hop.
Nom(s) : Pierre Morel.
L’info en plus : Dans le morceau « Circle », Spectateur a incorporé quelques répliques de l’un des personnages de la série « True Detective ».
Site web : ici
Maison de disque : TFTC.

Publié par : , Catégorie(s) : Albums et EP, Analyses et reportings

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