Amnusique

Des sons qui restent en tête

lundi

11

avril 2016

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Smokey Joe & The Kid – Running To The Moon (Album)

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Aujourd’hui, Amnusique vous propose de découvrir « Running To The Moon », l’un des meilleurs albums que nous avons eu l’occasion d’écouter depuis le début d’année 2016. Cet opus mêlant électro, swing et hip-hop, signé sur le label Banzaï Lab, est l’enfant du duo Smokey Joe & The Kid, que l’on connaît également sous les noms de Senbeï et IRB. Après avoir sorti un premier album en 2013 (Nasty Tricks) et quelques EP (The Game, Smokid Ind.…), les deux beatmakers Parisien/Bordelais sont revenus en mars dernier avec un tout nouvel album aux ambiances très jazzy, marqué par l’impressionnante liste d’artistes ayant collaboré sur les différents morceaux qui le composent (Fred Wesley, Pigeon John, ASM, Chill Bump, Youthstar, Charles X, Yoshi, ou encore DJ Netik). Amnusique vous révèle ses coups de cœur de ce fantastique Running To The Moon et son « track by track » détaillé…


♥♥ Ouverture – Prayer (Piste 1)

La folle course vers la lune débute par la traditionnelle introduction. Cette Ouverture mêlant piano, trompettes et percussions nous transporte dans l’ambiance pesante et inquiétante d’un club de jazz des années 20. Un joyeux bordel qui ne serait pas tenu par un féru de musique mais par un gangster ayant transformé l’établissement en tripot malfamé. Le malheureux qui s’y rendra aura intérêt à faire ses prières en passant la porte.


♥♥ Running To The Moon (Piste 2)

Le deuxième morceau est le titre éponyme de l’album. Après avoir voyagé dans les années 20, on rembobine la pellicule de quelques décennies pour rejoindre une atmosphère s’apparentant à celles plus chaudes et plus rythmées de l’époque du Far West et de sa célèbre conquête. Avec toute la modernité que les caractérise, Smokey Joe & The Kid sortent leur plus belle winchester et leur nitroglycérine pour dynamiter le Genre qui avait fait le succès du grand Ennio Morricone.


♥♥♥ Just Walking (Feat. Chill Bump) (Piste 3)

Avec Just Walking, on retombe dans un style plus jazzy avec le retour des instruments à vent et du piano. Pour participer à l’élaboration de cette troisième piste, Hugo Sanchez et Mathieu Perrein ont fait appel à leurs amis Tourangeaux de Chill Bump (Miscellaneous et Bankal) afin de lui apporter une dimension beaucoup plus hip-hop. L’association entre le rap (paroles et rythmes) et les instruments liés au jazz fonctionne parfaitement et nous rappelle au bon souvenir de l’époque glorieuse de Beat Assailant.


♥ Six Feet Below (Feat. Pigeon John) (Piste 4)

Pour son quatrième morceau, le duo Smokey Joe & The Kid s’est entouré d’un autre rappeur renommé en la personne de Pigeon John. L’Américain qui s’est fait connaître du grand public avec ses titres enjoués « The Bomb » ou « Because Of You » (avec les C2C) a prêté sa voix pour ce titre au registre un peu plus sombre, un style plus sous-terrain, proche de celui exploré par le duo Bordelais/Parisien dans son EP « Smokid Inc. » publié en 2015. N’est-ce pas un comble d’être six pieds sous terre quand on vise la lune ?


♥♥ Bank Holiday (Feat. Ua Tea) (Piste 5)

Bank Holiday marque une nouvelle étape dans cette aventure Running To The Moon déjà si éclectique. Cette fois-ci, Hugo et Mathieu nous gratifient d’une intro tirée de la musique Rusty Nails de Kila, à mi-chemin entre la Grèce et la Sicile, entre oliviers et orangers, entre Sirtaki et Stromboli (même si le reste du morceau d’origine est plutôt celtique). La piste est ensuite mêlée à la voix de la chanteuse folk Dawa, du trio Ua Tea, qui lui donne ce côté très « Deluxe ». Les sonorités générales de Bank Holiday s’inscrivent une nouvelle fois dans l’univers des gangsters. Il n’y a jamais de jour férié pour le Parrain.


♥♥♥♥ Funny Guy (Feat. Fred Wesley) (Piste 6)

Funny Guy est l’un de nos morceaux préférés de l’album. Réalisé avec le tromboniste de jazz, de soul et de funk Fred Wesley, l’ancien directeur musical de James Brown (excusez du peu), Funny Guy est un titre qui symbolise à merveille la vocation des styles musicaux de prédilection de l’Américain. Dansante, joyeuse et brûlante, la mélodie contraste avec les sons plus menaçants de cette première moitié de l’opus. Tout au long du morceau, on patiente, on se languit au rythme de la pression musicale qui monte, jusqu’à l’explosion finale menée de main de maître par Fred Wesley. Now, we are happy guys.


♥♥♥ Prohibition 2 (Feat. Yoshi) (Piste 7)

Après Prohibition, réalisé avec Rwan sur leur album Nasty Tricks, Smokey Joe & The Kid nous livrent la suite de ce morceau traitant, non sans humour, de l’interdiction ou de la limitation de vente d’alcool durant les années 20, notamment aux États-Unis. Et qui de mieux pour parler d’alcool que Yoshi, un grand ami des Svinkels et surtout de Gérard Baste, l’homme qui a de la bière qui coule dans les veines ? Durant près de quatre grammes minutes, le rappeur, au nom du dinosaure vert de Mario, nous livre le synopsis de ses pires bitures dans un flow jouissif et totalement déjanté. Sortez les alcootests, Yoshi paie sa tournée.


♥ So Sexy (Feat. Black Worrell) (Piste 8)

Il n’y aurait pas pu avoir de nouvel album de Smokey Joe & The Kid sans la collaboration de Black Worrell, le membre des Puppetmastaz, qui, depuis quelques mois, est l’un des principaux artisans des différentes sorties du duo. En effet, l’Américain avait récemment collaboré avec Smokid sur trois des quatres morceaux figurant sur l’EP Smokid Inc. et s’était également illustré en tant qu'(excellent)acteur dans les clips Somehow et Jailhouse Blues. Black Worrell apporte aujourd’hui sa pierre lunaire à l’édifice Running To The Moon en posant sa voix si caractéristique sur le morceau « So Sexy ». Après avoir pris une cuite avec Yoshi, le rappeur Américain trouve toutes les nanas sexys.


♥♥♥ Please Come Home – That’s a Pretty Good Love (Piste 9)

La piste 9 est l’un des titres phares de l’opus. Ce hit aux faux airs de Down The Road de C2C nous plonge dans une histoire exaltante et hyper rythmée, mêlant à la fois sonorités électro, hip-hop et swing. En tant que premier extrait de l’album, « Please Come Home » a bénéficié d’un traitement de faveur bien particulier puisqu’un clip d’exception, produit par Hotu, lui a été dédié. Le clip de Please Come Home nous conte la mésaventure de la Go Pro de Mathieu et Hugo qui se fait subtiliser par une bande de jeunes et qui parcourt, de main en main, les quatre coins de ville de Bordeaux. Après moult péripéties plus tordantes les unes que les autres, la caméra finit par retrouver ses heureux propriétaires lors d’un concert.


♥♥♥♥ Smokid All Stars (Feat. Waahli, Pigeon John, NON Genetic, ASM, Miscellaneous, Youthstar, Blake Worrell, Charles X, Dj Netik) (Piste 10)

Smokid All Stars est la tuerie de Running To The Moon. Treize ans après le Panam All Starz de notre adolescence, Senbeï et IRB snipent dans le mille avec ces huit minutes jouissives durant lesquelles leurs invités de l’opus s’illustrent tour à tour et se répondent dans des flows enflammés et surpuissants. Le duo aurait pu se contenter de nous offrir l’un des morceaux hip-hop et scratch (Netik est triple champion du monde DMC) les plus marquants de ces dix dernières années, mais non, il a également poussé le vice en lui adjugeant une merveille de clip qui devrait considérablement augmenter sa cote de popularité. Toujours réalisée par la talentueuse équipe d’Hotu, cette vidéo nous rappelle les univers des clips de N.E.R.D. (She Wants To Move) et de l’étrange et dérangeant Big Bad Wolf de Duck Sauce. Habituellement, huit minutes c’est plutôt long, mais avec Smokid All Stars,  les minutes sont filantes comme les étoiles qui la composent.


♥ The Gravel Sack Incident (Feat. ASM) (Piste 11)

L’antépénultième titre de l’opus est réalisé avec un groupe que l’on adore, A State Of Mind. Notamment connu pour ses succès « Say Yes » et « Guaranteed », générés avec Wax Tailor, ASM signe l’un des morceaux les plus calmes de Running To The Moon. C’est peut-être aussi celui qui nous a le moins touchés. Un petit grain de sable, ou de gravier, qui n’enraye pas pour autant cette belle machine qui file tout droit vers l’objectif lune.


 ♥♥ Yesterday Is Gone (Feat. Waahli) (Piste 12)

La mélancolie de Yesterday Is Gone sonne les dernières notes de l’album. Le rappeur Canadien Waahli est le dernier artiste invité à passer sur le gril et nous gratifie d’une ballade entre jazz et hip-hop qui se révèle à nous mélodiquement comme un mélange entre un Fleur Blanche de Ortsen et un Dead End d’Al’Tarba.


♥♥ Learning Through The Way – Prayer (Piste 13)

Smokey Joe & The Kid concluent leur Running To The Moon par une ambiance à la fois brumeuse et cadencée qui semble répondre à celle de leur Ouverture comme un miroir. Pour terminer leur voyage lunaire en beauté, le duo a sorti le grand jeu en faisant appel à la batterie complète du parfait orchestre. Tous les instruments s’entremêlent et signent une sortie de scène monumentale, tout en puissance, jusqu’à l’extinction totale, synonyme de clap de fin.


Conclusion :

Smokey Joe & The Kid nous prouvent un peu plus chaque année qu’ils ne sont pas de simples beatmakers qui bidouillent des potards derrière une table. Le Parisien et le Bordelais sont des artistes complets capables de produire des sons grandioses, sur des EP et des albums, de réaliser des clips culottés pour les illustrer et de monter un vrai live avec des musiciens et des invités de grande classe qui viennent appuyer la puissance de leurs beats par du concret. Quand on peut se targuer de réunir autant de MC de talent autour d’un tel projet, ce n’est pas par hasard.  Running To The Moon est un peu le symbole de ce nouvel élan pris par le duo. Pêchu, puissant, parfaitement produit et calqué pour la scène, l’opus pourrait être la rampe de lancement idéale, non pas vers le satellite évoqué par son titre, mais vers un succès terrestre totalement mérité.

L’album est disponible ici.

Pays : France.
Style musical : Electro, Hip-Hop, Swing.
Nom(s) : Hugo Sanchez (The Kid, Senbeï, Ben Becker), Mathieu Perrein (IRB, Smokey Joe), Céline Chémar (lives).
L’info en plus : Senbeï fait également partie du groupe Tha New Team en compagnie de iRaize, qui s’illustre quant à lui du côté des Tha Trickaz.
Site web : ici
Maison de disque : Banzaï Lab.

Publié par : , Catégorie(s) : Albums et EP, Analyses et reportings

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